Monty Python : Sacré Graal ! a 50 ans

Monty Python : Sacré Graal! est sorti dans les salles britanniques le 9 avril 1975, et fête cette année ses 50 ans. Les français ont dû attendre la fin de l’année 75 pour le voir, sorti accompagné du slogan : « Le film à côté duquel Ben-Hur ressemble à un documentaire ». Si sa vision décalée n’est pas la tasse de thé de tout le monde, il est impossible de renier que l’œuvre est aujourd’hui une référence en matière de comédie, dont l’influence perdure encore de nos jours.

Derrière le long-métrage se trouve donc la fameuse troupe des Monty Python. Composé de Graham Chapman, John Cleese, Terry Gilliam, Eric Idle, Terry Jones, et Michael Palin, le groupe s’était fait un nom en Angleterre avec leur émission Monty Python’s Flying Circus diffusée sur la BBC, mais était relativement peu connu sur la scène internationale.

Une fois la série terminée, Michael Palin eut l’idée de réaliser un film. Pas n’importe quel film : un film médiéval. La période l’intéressait particulièrement, tout comme Terry Jones. Le timing était parfait, car la légende arthurienne était alors en pleine actualité, comme l’explique Guy Lodge dans The Guardian:

La légende arthurienne avait bénéficié d’un renouveau dans la culture populaire qui se prêtait bien à la parodie : les airs kitsch de la comédie musicale Camelot de Lerner et Loewe résonnaient encore dans les oreilles du public au début des années 1970, tandis que la populaire tétralogie de TH White, La Quête du Roi Arthur, avait été adaptée par Disney dans Merlin l’Enchanteur une décennie plus tôt.

En réimaginant le roi Arthur – joué avec un mélange savoureux de fanfaronnade queer et de susceptibilité par feu Graham Chapman – et ses chevaliers de la Table ronde comme une bande tantôt brutale, tantôt inefficace d’imbéciles, le film de Gilliam et Jones démantèle en un clin d’œil le romantisme viril de la « Matière de Bretagne », à l’aide d’un simple gag récurrent qui permettait aussi d’économiser sur le budget : pas de chevaux, juste une démarche sautillante et maniérée accompagnée du bruit de deux moitiés de noix de coco pour souligner leur absence.

L’une des raisons du succès de Sacré Graal repose indéniable sur son absence de budget, partiellement financée par Led Zeppelin et Pink Floyd, qui n’aurait été que d’environ 400 000 dollars. Pour faire des économies, pas de chevaux mais des noix de coco, un tournage dans un seul château qui sert pour trois, et une fin sans bataille car il n’y avait juste plus d’argent ! Le manque de budget fut ainsi compensé par la créativité. Comme l’écrit BBC:

L’une des raisons pour lesquelles le film perdure, c’est qu’il ressemble à une véritable fresque historique, avec des images d’ambiance tournées en Écosse.
« Nous étions frustrés par les séries télévisées, car elles avaient de mauvais décors, un mauvais éclairage, tout était mauvais », explique Gilliam à propos de lui-même et de Jones. « Et nous étions tous les deux de grands admirateurs de Bruegel comme peintre, et de Pasolini comme cinéaste. Nous voulions toutes ces textures, toute cette réalité. Je pense que c’est ce qui rend le film vraiment unique : certains des réalisateurs étaient des historiens sérieux et de véritables metteurs en scène. »

À sa sortie en salles, Monty Python: Sacré Graal ne fut pas un gros succès, rentrant dans ses frais mais reçu avec un accueil mitigé. Si le film ne rencontra donc pas immédiatement son public, l’oeuvre est aujourd’hui crédité pour avoir rendu populaire l’humour absurde et impacté la culture populaire comme le rappelle NPR:

Le film est devenu un classique de la comédie qui a influencé Saturday Night Live, Les Simpson et d’innombrables autres comédies. Cinquante ans après sa sortie, il continue d’inspirer de nouvelles générations d’humoristes et de scénaristes – et occupe une place toute particulière dans le cœur et l’esprit des fans du monde entier.

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