Une femme disparaît : Alfred Hitchcock, entre comédie britannique et thriller

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Si Alfred Hitchcock est plus connu pour ses classiques américains tels que Sueurs Froides ou Fenêtre sur Cour, le maitre du suspense possède également de belles réussites dans son pays d’origine. The Lady Vanishes, intitulé Une femme disparaît chez nous, en est une illustration parfaite.

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Dans Une femme disparait (Imdb.com), Iris est une jeune femme sur le point de se marier qui fait la rencontre de Miss Froy. Cette dernière devient sa compagne de voyage dans le train jusqu’à ce qu’elle disparaisse. S’ensuit une investigation pour découvrir ce qui est arrivé à cette femme dont personne d’autre ne semble se souvenir en compagnie de Gilbert, le musicien qui l’avait bien énervé la veille, mais le seul prêt à lui apporter un véritable soutien dans sa quête.

Le film repose alors sur l’alchimie indéniable entre Margaret Lockwood et Michael Redgrave – dont il s’agissait du premier rôle pour ce dernier. Une relation qui part du mauvais pied pour naturellement évoluer vers une complicité naturelle et bien évidemment plus (l’amour était foudroyant en ce temps-là au cinéma).

Iris Henderson : You’re the most contemptible person I’ve ever met in all my life!
Gilbert : Confidentially, I think you’re a bit of a stinker, too.

Si le duo fonctionne, il trouve un soutien indéniable avec Dame May Whitty dans la peau de Miss Froy hautement sympathique ou encore Charters (Basil Radford) et Caldicott (Naunton Wayne), deux passagers anglais qui font ce qu’ils peuvent pour ne pas être mêlés à ce qui se passe.

Ces derniers furent si populaires qu’ils se retrouvèrent dans trois autres films : Train de nuit pour Munich (1940) de Carol Reed, nous venant des mêmes scénaristes et avec également Margaret Lockwood dans un autre rôle ; Crook’s Tour (1941) de John Baxter ; et enfin, Ceux de chez nous (1943), avec Gilliat et Launder étant scénaristes et réalisateurs.

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The Lady Vanishes est peut-être l’un de ses Alfred Hitchcock qui perdurent dans le temps non pas grâce à la patte de son réalisateur – que l’on retrouve évidemment dans le film –, mais grâce au scénario de Sidney Gilliat et Frank Launder. Devant être initialement réalisé par Roy William Neill, Hitchock arrive sur le projet tardivement et ne fit que peu de modifications sur le scénario.

Inspiré par le roman The Wheel Spins d’Ethel Lina White, le duo de scénaristes reprend l’idée du livre pour donner le jour à un long-métrage qui commence comme une sorte de farce dans un hôtel avant que le récit ne devienne plus hitchcockien lorsque l’action est relocalisée dans un train.

Un soin particulier est apporté à nous introduire les personnages à travers des lignes de dialogues acérées qui virent vers une sorte de satire de « l’Anglitude » tout en célébrant ce que cela signifie. La consommation de thé, l’amour du cricket ou la capacité à garder son calme en toutes circonstances s’invitent à merveille dans une histoire qui ne laisse jamais ses éléments les plus sombres prendre le dessus au détriment de la bonne humeur.

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Près de 80 ans après sa sortie en salles (en 1938), The Lady Vanishes ou Une femme disparaît reste une œuvre plus que moderne grâce à son mélange entre la comédie britannique et le thriller hitchcockien qui mérite d’être toujours célébré.

The Lady Vanishes a été porté à l’écran deux fois depuis. Le réalisateur Anthony Page réalisera un remake en 1979 avec Elliott Gould, Cybill Shepherd et Angela Lansbury. BBC One revisite l’œuvre en 2013 avec Tuppence Middleton, Tom Hughes et Selina Cadell.