Élisabeth Ire et le bonhomme de pain d’épices

Le bonhomme de pain d’épices ou « Gingerbread Man » n’est pas qu’un personnage de contes merveilleux. C’est aussi un biscuit en pain d’épices que l’on retrouve traditionnellement en hiver et dont on doit l’invention à la Reine Élisabeth Ire (1558-1603).

Revenons d’abord un peu en arrière : le gingembre fait son arrivée en Europe au Moyen-âge, avec le retour des Croisés après des années à se battre au Moyen-Orient. Les boulangers l’utilisent ainsi pour en faire des biscuits qui se vendent dans les foires.

Comment ces biscuits ont-ils pris la forme de bonhomme ? Cela prend place à la cour de la Reine Élisabeth Ire où l’échange de cadeaux jouait un rôle important dans la dynamique sociale, servant à montrer le respect, mais aussi à attirer son attention, obtenir ses faveurs, affirmer son statut social ou grimper sur l’échelle sociale. Cela allait du bijou au bas en soie, en passant par le fruit, la confiserie et le livre. Cet échange de cadeaux était un moyen pour Élisabeth Ire et ses sujets de consolider les allégeances et l’ordre hiérarchique. En échange des cadeaux reçus, Élisabeth Ire donnait souvent des cadeaux qu’elle avait reçus et qui ne l’intéressaient pas, ou des biens de valeurs moins importantes que ce qu’on lui avait offert.

C’est là qu’entre en jeu le fameux bonhomme de pain d’épices ! Élisabeth Ire aimait organiser de somptueux diner et elle avait son propre fabricant de pain d’épices. C’est ainsi qu’elle demanda à ce dernier de réaliser des bonshommes de pains d’épices ressemblant ainsi aux dignitaires en visite, à des prétendants et des gens de sa cour, décorés avec différents éléments comestibles. Elle servait et offrait ainsi ses petits bonshommes à ses invités qui pouvaient manger un biscuit leur ressemblant !

La Reine lança alors une tradition, car elle ne fut ensuite pas la seule à manger des bonshommes en pain d’épices. Ils étaient également distribués par des praticiens de la médecine populaire (souvent décrit comme des magiciens ou des sorcières) qui les concevaient comme des gages d’amour pour les jeunes femmes. Si elle parvenait alors à faire manger le biscuit à l’homme de leur choix, l’idée était qu’il tomberait amoureux d’elle et que mariage s’ensuivrait.

Je n’aurais qu’un sou au monde que je le donnerais pour t’acheter du pain d’épice. Peines d’amour perdues, William Shakespeare

Enfin, notons que les gâteaux au pain d’épices se sont également démocratisés grâce à la Reine Victoria et le Prince Albert lorsqu’ils les ont inclus dans les autres traditions festives de fin d’années, avec l’arbre de Noël,  ses décorations et la bûche de Noël. C’est alors au cours de cette période que le bonhomme de pain d’épices s’est vu principalement être associé à la fête de Noël.