5 novembre 1605 : La Conspiration des Poudres
Remember, Remember the 5th of November! C’est le 5 novembre en Angleterre que l’on brûle l’effigie de Guy Fawkes au bûcher pour célébrer l’échec de la conspiration des poudres. Mais, il a fallu plus d’un homme et beaucoup de préparation pour planifier cet attentat qui a failli changer l’histoire du pays à tout jamais…
Faites connaissance avec les conspirateurs
Nos conspirateurs sont de jeunes catholiques désenchantés. À la tête du groupe se trouve Robert Catesby (optionnellement ancêtre de Kit Harington, qui l’incarne dans la minisérie Gunpowder), homme charismatique de Northamptonshire n’en est pas à son coup d’essai en termes de complot : il avait participé à celui visant le gouvernement d’Elizabeth I en 1601.
Arrivé en 1604, Catesby est convaincu que faire exploser la Chambre des lords permettrait de rétablir le catholicisme. Pour réaliser ce plan, il a naturellement besoin d’hommes.
Il recrute donc John Wright, l’épéiste amoureux d’action qui était également impliqué dans le complot de 1601 ; son beau-frère Thomas Percy, homme infiltré qui pouvait se rendre à la cour comme bon lui plaisait ; Thomas Wintour (aussi parfois écrit Winter), le diplomate et cousin de Robert ; et le capitaine Guy Fawkes, ancien camarade d’école de Wright et un expert en explosif.
Ensemble, ils vont planifier de renverser le régime protestant en place qu’ils jugent injuste et hérétique. Un plan qu’ils ne pourront mettre en œuvre qu’avec l’aide d’autres hommes faisant monter à 13 le nombre de conjurés : Robert Keyes, Thomas Bates, Christopher « Kit » Wright, Robert Wintour, John Grant, Ambrose Rookwood, Francis Tresham et Everard Digby.
24 mars 1603 : La reine est morte, vive le roi !
Elizabeth I meurt. C’est son troisième cousin, James VI d’Écosse, qui devient James I d’Angleterre – ou Jacques Ier dans nos livres d’histoire en français. Ce nouveau roi rêve d’union entre royaumes, mais rencontre des oppositions et un conflit religieux entre catholiques et protestants. Il fait partie des seconds, mais les premiers espèrent qu’il sera sympathique à leur cause due au fait que sa mère Marie était une des leurs. Ce ne sera pas le cas.
Bonne année 1604 : Catesby complote
James (ou Jacques) ne compte pas aider les catholiques. Au contraire. Il ordonne aux prêtres catholiques de quitter le pays. Il continue de taxer les catholiques refusant de se rendre au service de religieux de l’Église anglaise. Voilà de quoi provoquer la colère de ce cher Catesby qui rencontre en février 1604 son cousin Thomas Wintour et John Wright à Londres pour amorcer leur plan.
Direction l’Espagne en compagnie de Wintour qui se rend à Flanders pour demander le soutien espagnol. Nenni, nenni ! Ils n’ont pas envie de se lancer dans un nouveau conflit après toutes ces années avec et refusent d’apporter leur aide à cette machination.
Avril 1604 : Guy Fawkes rejoint la conspiration
Le voyage en Espagne n’aura pas été en vain pour nos comploteurs : Wintour y rencontre Guy Fawkes, anglais nationaliste qui déteste les Écossais et qui a mis ses talents au service de l’armée espagnole. Les deux hommes reviennent ensemble en Angleterre.
Pendant ce temps-là, le roi et le Parlement ont introduit une législation refusant aux catholiques de recevoir un loyer ou de réaliser un testament.
20 mai 1604 : Les Conspirateurs prêtent serment
Nos conspirateurs sont plus que déterminés à passer à l’action et ils le prouvent en se rencontrant dans un bar à Londres où ils vont prêter serment.
Juin-octobre 1604 : Rapprochement du Parlement
Il y a de fortes chances que Henri Percy, 9e comte de Northumberland et parent éloigné de Thomas, regrette avoir épaulé ce dernier. Cela l’aura mené à la tour de Londres, après tout. En attendant, Thomas n’est pas le diplomate du groupe pour rien et il saura utiliser ses connaissances pour obtenir un financement et les baux de certaines propriétés à Londres. Percy s’installe donc dans une maison située à côté du Parlement et Fawkes le rejoint en se faisant passer pour un certain John Johnson, serviteur de Percy.
Si nos conspirateurs avaient envie de passer à l’action, ils vont devoir prendre leur mal en patience : l’ouverture de la session parlementaire est reportée à février 1605.
Décembre 1604 : Un tunnel se creuse
Avec l’aide de Thomas Bates — serviteur de Catesby —, nos conspirateurs creusent un tunnel vers la Chambre des Lords à partir de la maison de Thomas Percy.
Que compte faire notre cher groupe une fois qu’il aura tout fait exploser ? Kidnapper Elizabeth, la fille du roi, pour la placer sur le trône en tant que Reine. Bien évidemment, elle ne serait qu’une marionnette à leur service dans cette histoire.
Qu’Elizabeth se rassure, personne ne va venir la kidnapper vu que, par peur de la peste, l’ouverture de la session parlementaire est de nouveau repoussée. Cette fois-ci à octobre 1605.
1604-1605 : sur les traces de la poudre à canon
Pas de secret : pour faire exploser la Chambre des lords, les conspirateurs ont besoin de beaucoup de poudre à canon. Bien que le gouvernement contrôle la production et distribution, notre groupe s’en procure par des moyens non officiels. À l’automne 1604, Robert Keyes se voit confier la surveillance des explosifs par Catesby.
Grâce à Thomas Percy qui loua un cellier sous le Parlement, tout le monde a pu arrêter de creuser. Au lieu de cela, Guy Fawkes déménagea la cargaison à cet endroit. Il lui fallut 4 mois (toujours de nuit) pour déplacer les 36 tonneaux. En août 1605, il réalisa qu’une partie de la poudre a été abimée par l’humidité ! Coup de chance pour les conjurés, car notre homme peut donc la remplacer.
Thomas Bates, Christopher « Kit » Wright et Robert Wintour ont, entre temps, rejoint la conspiration.
Été 1605 : un besoin de sou urgent
Mais attendez ! Avant que Fawkes ne découvre qu’une partie de sa poudre à canon est à jeter, nos conspirateurs ont des problèmes financiers et besoins d’aide. C’est ainsi qu’Ambrose Rookwood, Everard Digby et Francis Tresham (le cousin de Catesby) sont enrôlés. C’est à cette période que le prêtre jésuite Henry Garnet découvre l’existence de la conspiration — via une confession. Horreur ! Il tente en vain de convaincre Catesby d’arrêter. Le père Garnett trouvera la mort, pendu le 3 mai 1606, condamné injustement en tant que complice dans cette conspiration.
Et… l’ouverture de la session parlementaire est encore repoussée… jusqu’à novembre.
Octobre-Novembre 1605 : il y a du rififi dans l’air !
William Parker, 5e baron Monteagle et beau-frère de Francis Tresham, reçoit une lettre d’avertissement anonyme le prévenant de ne pas se rendre à l’ouverture parlementaire le 5 novembre. Loyal à la couronne, il montre ce courrier au ministre Robert Cecil, qui la communiquera au roi. Celui-ci ordonne une enquête.
Nos comploteurs apprennent pour la lettre (mais jamais pour l’investigation) et Catesby soupçonne son cousin Tresham d’être l’homme qui a envoyé la lettre, allant même jusqu’à l’appeler un traitre. Si Tresham se défend, il pense néanmoins qu’il serait préférable de tout arrêter maintenant. Sans surprise, Catesby n’en a pas envie.
4-5 novembre 1605 : la découverte du complot
Y a-t-il une ou deux fouilles ? Il existe deux versions des faits, mais l’essentiel est qu’une fouille a mené à la découverte — par Sir Thomas Knyvett et Edmund Doubleday — de Guy Fawkes aux aguets dans une cave sous le Parlement. Fawkes est arrêté au petit matin (et sera torturé). Suite à cela, c’est maintenant une tradition pour les soldats de fouiller les caves.
6-7 novembre 1605 : la Fuite
Face à ce retournement, nos conjurés (sans Fawkes) n’ont d’autres choix que de prendre la fuite et de tenter le tout pour le tout. À travers les Midlands, ils cherchent à créer un soulèvement. Les hommes ne trouvent aucun soutien, même parmi les membres de leur famille qui craignent d’être accusés de complicité.
C’est à Holbeche House (propriété de Steven Littleton) que se mène l’ultime bataille pour Catesby et les derniers conspirateurs encore présents à ses côtés. Tresham était resté à Londres, Keyes n’était déjà plus avec eux, Everard Digby, Robert Wintour, John Wintour et Thomas Bates étaient partis. Il reste alors John Grant, les frères Wright, Ambrose Rookwood et Thomas Percy. Le groupe décide de rester sur place pour attendre les hommes du roi.
8 novembre 1605 : la fusillade
Catesby et ses camarades comploteurs n’ont plus rien à perdre et jurent de mourir pour la cause. Ils décident alors d’assécher la poudre à canon qu’ils ont à leur disposition devant un feu. Ce choix — peu judicieux, on en convient — leur explose à la figure. John Grant en ressort aveugle avant même que les 200 hommes du shérif de Worcestershire n’arrivent. S’ensuit une fusillade qui cause la mort de Catesby, Percy et des frères Wright. Les autres sont blessés et capturés vivants. Ils sont conduits à la tour de Londres pour y être interrogés.
Novembre-Décembre 1605 : le temps de la confession
Preuve que Fawkes est le genre d’hommes à avoir à ses côtés, même dans les pires moments, il résistera jusqu’au 9 novembre avant de faire une confession sans pour autant tout révéler. Ce sera Thomas Wintour qui se chargera d’incriminer tous les autres comploteurs, à l’exception de son frère Robert. Cela entraine l’arrestation du comte de Northumberland qui n’a personne pour le dédouaner (Rappel : Percy est mort). Il restera prisonnier durant 16 ans.
27 janvier 1606 : condamnés pour trahison
Ironie du sort, nos 8 conspirateurs encore de ce monde sont jugés à Westminster Hall, le lieu qu’ils comptaient faire exploser. Everard Digby est le seul à plaider coupable. Non pas que cela change quoi que ce soit, vu qu’ils sont tous jugés coupables de trahison et condamnés à mourir.
30-31 janvier 1606 : les exécutions
À l’évidence, inspirés par les méthodes romaines, les corps de Catesby et de Percy sont exhumés et décapités, et leurs têtes sont fichées sur des piques devant la Chambre des lords.
Everard Digby, Robert Wintour, John Grant et Thomas Bates sont quant à eux attachés sur des brancards pour être trainés dans les rues de Londres. Ils sont ensuite (encore conscients) castrés, éventrés, puis écartelés. Le lendemain, Thomas Wintour, Ambroise Rookwood, Robert Keyes et Guy Fawkes sont pendus et démembrés. Fawkes parvient à se briser le cou avec la corde, échappant ainsi au reste de son exécution.